Marathon 28/100 : 43 km, 1700 D+ (Blumeau – Refuge Halshutte – 1860 m)
De Ouf !
Est-ce vos bougies, vos pensées, ma conscience, les anges ou simplement la chance, j’avoue que je me suis fait plaisir sur cette journée.
Pourtant, hier soir, je me demandais quelle serait l’humeur du petit muscle au matin. Google annonçait 100 % de chance d’avoir les cheveux très mouillés toute la journée pour les personnes concernées et j’avais en tête d’attaquer la première grosse montée si jamais je réussissais à surmonter les 2 premiers problèmes évoqués.
Au début pas de gros miracles, j’ai mis 30 minutes à réussir à courir. Mais d’une part il ne pleuvait pas et ensuite je me suis peu arrêté. Profitant d’une piste cyclable remontant la Rivelaunbach (un de ces torrents énervés).
En limitant la vitesse, je sentais le petit muscle ronchonner mais heureux de pouvoir suivre le rythme.
J’arrive tout de même bien usé par ces 20 premiers kilomètres fait à jeun à Chiusa.
Chiusa est un magnifique petit village touristique de montagne. Un délice de murs colorés, de pavés, de fleurs et de ponts de bois.
C’est aussi l’étape initialement prévue pour ce jour. Il n’est que 9h30. J’ai donc toujours cette marge qui d’ailleurs s’agrandit… 20 km peut-être. Mais demain par exemple, on est sur un programme à 90 degres : presque 2000 m positif et autant de négatif.
On est dimanche. Mais je trouve directement un café à Chiusa dont la serveuse accepte par ailleurs de faire un croque monsieur.
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seul, je reçois un mail du refuge à 1860 m d’altitude qui me répond qu’ils ont une chambre pour moi.
J’avais envoyé une demande pour tester l’univers. Ça m’obligeait à une grosse étape vu le dénivelé mais j’adore dormir dans des chalets en pleine montagne. Surtout quand la nuit est à 45 € là où on ne trouve rien en dessous de 120.
Le dernier miracle, c’est que je parviens à trouver un sentier de randonnée magnifique, légèrement plus court mais évidemment un peu plus difficile. 1500 m de dénivelé en 13 km.
Souvent je pense à mes raisons de faire tout cela. Mais là j’avoue que j’ai juste savouré les cascades, les odeurs de bois, les chalets, les petites bêtes, les fleurs, le silence réconfortant et les impressionnantes montagnes.
Il est 15h lorsque j’exulte en voyant enfin la route, le parking, les motos allemandes et les bières sur la terrasse de MON refuge…
On me propose immédiatement de m’asseoir. On m’apporte un plat de spaghetti succulent avec une panière de pain remplie comme les coffres de Picsou.
Ma fourchette et moi sommes en mode aspirateur et c’est à ce moment là que l’on regarde tous dehors. Des pluies torrentielles s’abattent tout autour de notre havre de paix.
On me montre ensuite un autre chalet où dormir. Il y a ces planches de bois brutes qui accueillent mes pieds nus comme on chante joyeux anniversaire à un enfant émotif.
En plus la douche est chaude et la couette trop agréable.
Franchement, dites-moi que tous les soldats du monde ont déposé leurs armes.
J’ai envie d’habiter là !
A demain !
PS : Merci pour les bougies, les pensées. A charge de revanche bien sûr !
Antoine VERNIER, sociologue, vit à Angers dans une cabane sans eau et sans électricité.
En 2022, il court 23 marathons de suite jusqu’à Davos. De ce voyage, il réalise un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et en écrit un livre qui porte le même titre.