Marathon 13/100 : 45 km (Langres – Saint Marcel)
Ils viennent de Lyon. Ils nous ont rejoints hier soir à Langres vers 19h.
Elle, c’est Florence. Elle est hypnothérapeute, artiste, couturière, elle veut moins mais mieux. Elle lit Noam Chomsky, Laurent Gounelle et Antoine Vernier. Ahahah !
En vrai sa maman lui a offert le livre de mes aventures à Davos.
Son mari, depuis maintenant 1 an, s’appelle Jérôme (Jay Rome). Ils reviennent d’un long voyage de noces au Vietnam.
Jérôme, ses parents et ses frères l’adorent. Il a joué très longtemps au foot. C’est un grand sportif. Puis au ping-pong. Il est devenu ingénieur comme son grand frère. En sécurité automobile. Mais il va au travail en vélo. Alors il continue de se poser des questions sur le chemin pour lui.
Depuis 5 ans, il essaie de faire les plus grandes courses nature qui existent afin de se rapprocher de la nature.
Florence lui a donc proposé de lire la bible. “Et si on parlait d’amour !?”
Courir avec quelqu’un à l’avantage de vous stimuler davantage mais comporte aussi le risque de moins s’écouter.
Heureusement pour moi, Jérôme a couru 80 km autour d’Annecy une semaine auparavant.
Nous voilà enjambant à 6h du matin les remparts de Langres pour plonger dans les lumières du soleil levant.
10 premiers kilomètres sur la nationale nous attendent. On devait les appréhender. Mais des travaux nous offrent ce tapis d’asphalte pour nous tout seul. Un régal.
Nous atteignons notre premier ravitaillement à Hortes, km14.
Au centre du village l’épicerie tenue par Florian. Avec ses cheveux longs, ses tatouages, ses bottes et le hard rock qu’il offre a sa clientèle de 96 ans (je l’ai vu cette magnifique dame), il ne passe pas inaperçu. Quelle rencontre !
Un défilé d’heureux et divers clients se relaient. Ressortant autant avec le sourire que leurs emplettes.
Il tient à nous amener le café à 1 €, servi dans des verres à rendre jaloux Ali baba.
Florian est né dans cette ville. Il a finit par quitter l’infernale usine pour servir son village de cette manière. Il évoque les livraisons où on lui demande de déplacer un meuble, mettre des gouttes dans quelques orifices, déposer des papiers. Une kermesse catastrophée pour qui il ouvre le dimanche afin de puiser dans son stock.
“Tu sais pourquoi tu aimes le hard rock ?”
– L’adorable tatoué : “ça permet d’évacuer la colère”. Il nous sourit. Mais à l’adresse des sources de sa colère, il ne rigole pas.
Après ce plein d’humanité, de flan et de pizzas, on repart pour se perdre sur des chemins devenus piscine olympique.
Des hommes ont estropié la forêt. Laissant la boue et l’enfer comme seul chemin. Alors on dérive dans les ronces, les orties, les troncs étendus, gisants…
J’entends Jérôme extirpant ses chaussures fluorescentes du magma de terre âcre “tu es sûr du chemin ?”. La confiance se gagne.
A peine sortons nous de cette longue déroute, qui en même temps, est ce ce qui me plaît le plus, nous retrouvons un champ de hautes herbes bien décidées à nous caresser le visage durant 1 km.
Google maps, ou l’énergie de Jérôme mêlée à la mienne, est d’humeur aventureuse.
A 7km de l’arrivée, Florence nous retrouve enfin. Le sourire de Jérôme illumine alors notre équipe. Elle a de l’eau pour nous, malheureusement jusque dans les annonces de son téléphone.
Un mini déluge nous oblige à accélérer pour tomber heureusement nez à nez avec un propice porche, presque imperméable.
Les pieds trempées, les jambes fatiguées, nous profitons d’une accalmie pour tenter prestement la dernière ligne droite…
Où nous attend depuis un long moment l’efficace Joël et la motorisée Florence.
Ensemble, une jeune femme les a trouvé pour leur proposer son jardin pour notre campement à Saint Marcel.
Plus qu’à essayer de récupérer au mieux pour rejoindre Luxeuil les bains où nous attendront probablement de nouvelles surprises.
Je dis nous, puisque Jérôme, préparant une course de 160 km dans un mois, pense que faire encore 2 marathons avec moi, va l’aider.
Une longue étape de 48 km a priori… Largement le temps de convaincre Jérôme que rien ne sert de courir si on ne danse pas à la fin.
PS : Merci à tous pour vos soutiens à ce projet, à cette idée. Belle route, heures, rencontres, instant à vous
Antoine VERNIER, sociologue, vit à Angers dans une cabane sans eau et sans électricité.
En 2022, il court 23 marathons de suite jusqu’à Davos. De ce voyage, il réalise un documentaire « Et si on parlait d’amour !? » et en écrit un livre qui porte le même titre.
Quelle belle rencontre !